La nuit précédente se sera terminée au sec, ouf ! Après une bonne heure de suspense, l'orage passe et laisse place à une forte pluie rassurante. Oui, par rapport à la situation précédente, c'était rassurant !

A nouveau, je reprends la route dès que je suis sur pieds. Mon objectif la pointe du hoc, mais en chemin je passe devant un musée sur la 2nd Guerre Mondiale et décide d'en faire rapidement le tour. C'est incroyable le nombre de musées et de lieux en mémoire de la 2nd GM. J'ai l'impression, que toute la région est restée bloquée sur cette période.

Après manger, j'atteins enfin la pointe. A l'époque, la pointe était une avancée militaire allemande défendue par plusieurs batteries anti aériennes et d'autres artilleries lourdes, perchée sur des falaises de 30m de haut. J'entre dans la zone de guerre. Dans l'ensemble, tout a été laissé comme c'était il y a 70 ans, la zone est parsemée de gigantesques trous d'obus d'environ 2 - 3 fois ma taille. Je contourne un barbelé rouillé et descends dans l'un d'eux, j'imagine les soldats recroquevillés dans cette tourbière.

Un obus explose à une dizaine de mètres de moi, dans une trombe de terre humide qui vient me fouetter le dos. J'entends un sifflement lointain, 9, 8, 7… des cris retentissent au milieu des bruits de balles, « Il faut aller sauver John » m'hurle mon camarade allongé à côté de moi. Je mets mes deux mains sur mes oreilles, 6, 5, 4… le sifflement se fait plus insistant, mon camarade continue de parler. 3, 2, 1, boum, un nouvel obus explose au même endroit, les cris s'interrompent. Le sifflement continue à résonner dans ma tête, et je ne saurais dire si c'est l'annonce d'un nouvel obus ou l'écho de celui qui vient de tomber. « Il faut qu'on atteigne le bunker », on va y passer si on reste ici ! Dans un signe de tête entendu, nous y allons, mais je suis le seul à sortir du trou, l'image de mon camarade s'estompe. Le sifflement laisse place au chant des mouettes et le rire des enfants qui jouent dans les trous, les touristes parsèment cette ancienne zone de guerre, traçant des sillons dans l'herbe fraîche.

Source Wiki : « Le 6 juin 1944, une opération américaine est menée pour débarquer sur les plages, gravir les falaises, et reconquérir la pointe fortifiée par les Allemands ; selon les reconnaissances aériennes alliées, la place était équipée de pièces d'artillerie lourde dont la portée menaçait les deux plages voisines où était prévu le débarquement. La reconquête de la place fut confiée au 2e bataillon de rangers américain qui réussit à prendre le contrôle du site au prix de lourdes pertes. Par la suite, les pièces d'artillerie se révéleront avoir été déplacées par les Allemands peu de temps auparavant et installées 1,3 km en arrière, à l'intérieur des terres. »

Dernier jour de voyage, je me réveille plus tôt que d'habitude pour arriver à l'heure au train, et prévoir de la marge en cas d'aléa. Enfin, il ne me reste que 33km à parcourir ça devrait aller. Comme toutes personnes matinales, je suis récompensé par une aurore très colorée, j'aurais préféré voir ces couleurs depuis Ohama Beach, mais cela m'aurait fait un détour trop important.

La route se fait sans encombre et j'arrive à Caen sans soucis mis à part le moment, où j'ai dû emprunter un chemin à travers champs, pris habituellement que par les engins agricoles, qui a crotté le vélo avant de monter dans le train. Je suis tout de même bien content d'avoir un bon gros VTT dans ces moments, ça me permet de prendre n'importe quelle route sans soucis.

J'arrive chez moi en fin d'après midi, au total j'aurais parcouru un peu plus de 300km en 6j, je suis très content de moi, il y a eu quelques moments physiquement difficiles, mais on est toujours récompensé lorsqu'on arrive à destination. Plus c'est dur et plus on profite de la vue, de la visite, ou de la piscine qui nous attendent à l'arrivée. De 2017 à 2020, j'aurais fait de nombreux voyages (en Asie, en Colombie) mais je n'aurais pas fait d'autres road trips vélo et je dois dire que cela me manque un peu, ça sera peut-être pour bientôt qui sait ?