Jour 1 :

Été 2017, le soleil battait son plein, et il me restait encore quelques congés que je n'avais pas encore attribués. À l'époque, j'essayais déjà d'économiser pour un voyage beaucoup plus long du genre tour du monde (en fin de compte cela aura été « juste » un tour d'Asie). Il était hors de question de dépenser toutes mes économies, j'ai donc pensé à un voyage un peu plus économique. J'avais adoré mon premier road trip vélo Nancy/Strasbourg, et j'avais déjà tout le matériel de voyage nécessaire, alors je me suis lancé dans une seconde expédition. La région de Lyon et du massif central m'intéressaient bien, mais un peu trop pentues à mon goût, je cherchais quelque chose de plus tranquille, c'est ainsi que je choisis de partir pour la Bretagne et la Normandie avec pour feuille de route, le Mont St Michel, les plages du débarquement et les falaises d'Etretat comme temps fort du voyage. La Normandie. Quelque chose de tranquille. J'en ai encore des courbatures, mais nous n'y sommes pas encore !

2 semaines plus tard, première épreuve du voyage, monter dans le train. Oui, car il se trouve que j'ai un VTT qui pèse au moins 15kg à lui tout seul, rajoutons à cela les deux sacoches de voyage plus la tente et le matériel de camping, on arrive facilement aux 40kg. Et 40 kg dans les escaliers, 40 kg à monter dans le train dans des portes minuscules, c'est louurd !

Il se trouve aussi que j'avais eu une autre super bonne idée ; la veille de partir, un pote m'avait proposé une séance de découverte du CrossFit, et étant toujours partant pour de nouvelles activités j'avais accepté, mais je dois dire qu'au moment de porter mon vélo, je le regrettais un peu. Rien d'insurmontable, mais je n'avais pas encore donné un seul coup de pédale que j'étais déjà cané.

Et comme dirait Marina Rollman, « Le CrossFit c'est un sport où tu pousses ton corps à des extrêmes, régulièrement dans les cours de CrossFit, il y a des gens qui vomissent. T'as envie de prendre un abonnement pour vomir toi ? […] C'est-à-dire que c'est des gens qui choisissent une fois par semaine, d'aller dans un endroit où ils se font mal au corps, pour penser à rien, et régulièrement il y en a qui vomissent. Mais faut qu'on leur parle de l'alcool à ces gens-là ! » Cela vous permet d'avoir un aperçu de mon état à la fin de la séance. Disons que j'avais plus ou moins l'impression de m'étais vomi dessus intérieurement, comme si mon estomac avait éclaté, et que les petits morceaux accompagnés des restes du midi, se baladaient tranquillement dans tout le bordel.

Mais revenons au roadtrip, je venais d'arriver à Saint-Malo, et je me dirigeai directement au camping municipal, monter ma tente et poser mes affaires. La localisation du camping était top, il se situait sur un promontoire avec vue sur la ville, de-ci de-là on retrouvait des traces de l'ancienne place militaire impacté d'anciens tirs d'obus et un mémorial était même accessible gratuitement depuis le camping.

On arrive en fin d'après-midi, et demain je n'aurais que la matinée de libre avant de prendre la route, donc je décide de partir visiter le centre historique de St Malo, l'ancienne forteresse sur front de mer à un charme bien a elle, avec son bout de plage au pied de ses remparts, ses bâtisses en bonne pierre, et ses canons braqués sur l'horizon prêt à recevoir l'envahisseur. Ce soir, comme de nombreux soirs je suppose, le coucher de soleil est caché par les nuages, mais cela n'empêche pas aux lumières de la ville de s'allumer dans une ambiance tamisée. Sous le marché couvert, une jeune fille joue quelques accords mélancoliques, les gens prennent leur temps, s'arrêtent quelques instants avant de repartir du même pas. Je fais de même tout en dégustant un far breton aux pruneaux, une spécialité régionale.

Je rentre chez moi, je veux dire à ma tente en ayant tout de même parcouru 22km pour une première journée, je prends une douche chaude avant d'aller me coucher sur un tapis de fortune. La nuit est horrible, les courbatures dues à la séance de CrossFit viennent me chatouiller les côtes, dès que je commence à m'assoupir. Le sommeil s'annonce léger et la nuit longue.

Jour 2 :

C'est sous une fine pluie que je me réveille, programme de la journée, visiter le mémorial du camping et atteindre le prochain camping avant la nuit.

Atteindre le camping avant la nuit, l'objectif de chaque jour.

Je range mes affaires, regonfle mes pneus lorsque tout à coup, le pneu arrière explose, c'est bien ma veine ! Je galère un peu à aligner la roue dans sa fourche, mais après plusieurs essais, je remonte l'engin qui est de nouveau opérationnel à la pédale, mais la réparation m'aura pris du temps, le temps que j'aurais dû passer à visiter le mémorial. Je pars donc sans le visiter : objectif arriver au prochain camping avant la nuit.

Objectif que j'atteindrai cette fois-ci…

La journée ira tranquillement, je suis le GPS au rythme des chaînes soigneusement graissées (13,6km en moyenne pour être exact), à un moment je fais demi-tour dans une bretelle d'autoroute ; google n'a pas toujours raison, saleté de GPS !

Le reste du temps, je longe le bord de mer, à un moment, j'emprunte même une partie légèrement ensablée. La pluie me quitte vers midi, mais le ciel reste sombre, prêt à éclater à tout moment, un ciel normand tout simplement. Au cours de l'après-midi, je vais voir une exposition de pastel dans une pittoresque église. Le toit de l'église était tout à fait original, on aurait dit une coque de bateau qu'on aurait retourné. Si ça se trouve, c'était vraiment le cas.