Seuls les premiers rayons du soleil chassent les fantômes de la nuit. J'ai mal partout, dans l'ordre je dirais les fesses, puis les jambes et enfin les épaules. Je passe me ravitailler à la boulangerie et reprends la route, le mouvement me permet de chasser la fraîcheur du matin. Sur la route, je croise des panneaux « Village du livre » et je serais bien tenté de faire un détour, mais mes mollets douloureux me convainquent de ne pas y aller, et de continuer directement direction Baccarat, la cité du cristal.

Je commence la visite avec l'église Saint Remy, église qui encore aujourd'hui figure dans mon top 3 des églises. Bien loin des églises imposantes que l'on peut habituellement trouver au centre des villes, l'église Saint Remy se distingue par une architecture extérieure moderne, mais c'est surtout une fois à l'intérieur que le charme opère.

Lorsque nous rentrons, nous sommes immédiatement plongés dans la mi-obscurité du lieu, éclairé uniquement par la lumière colorée traversant les vitraux. Des rayons bleus, rouges et violets s'entrecroisent pour peindre l'intérieur du lieu. La magie opère, et la seule envie qui nous reste est de nous asseoir sur les bancs sous les grincements du bois, et de nous noyer dans la quiétude des lieux, dans l'attente d'être sauvé par la grâce de Dieu. Je vous assure que c'est le genre d'endroit qui vous donne envie d'être croyant, juste pour avoir une excuse de retourner dans l'église. Une fois dehors, je fronce les yeux pour m'habituer progressivement à la vivacité du soleil, je retrouve mon vélo là où je l'avais laissé et mets fin à cette parenthèse inattendue.

Je continue la visite de la ville, en longeant de nombreuses boutiques de cristal, puis je passe faire un tour à la basilique, puis je sors de la ville après d'une bonne montée. Je traverse l'autoroute et poursuis ma route sur un chemin boisé pour finir par tomber sur une clairière encerclée par la forêt et les champs. Outre les charmes du lieu, pour y planter ma tente, je souhaite encore continuer, et en retournant sur mes pas, je passe devant une vieille stèle, à l'allure romaine. Au moins, je n'aurais pas fait tout ce chemin pour rien.

Petit à petit, je me rapproche du lac de Pierre Percé et je me dis que je pourrais déjeuner les pieds dans l'eau, encore aurait-il fallu vérifier le relief ! Car ce lac est entouré de montagnes, et les derniers kilomètres pour y accéder s'avèrent pentus, et c'est fatigué que je m'arrête en pleine ascension pour casser la graine. Néanmoins, j'arrive dans le territoire des Vosges, les champs ont laissé la place à une forêt de conifères et ses tapis d'épines. Une fois arrive en haut, je suis bien loin d'avoir les pieds dans l'eau, mais la vue est tout de même sympathique.

Sur le chemin, je fais une autre halte pour visiter la grotte des poilus, j'accroche mon vélo à un arbre et continue le reste à pied. Je parcours un bon kilomètre dans un sens, et trouve de nombreux renfoncements dans la roche, mais je ne suis pas sûr d'avoir réellement trouvé la grotte en question, je décide néanmoins de revenir sur mes pas pour ne pas trop m'éloigner de mon vélo.

La fin de journée est plus reposante, après la montée, la descente ! J'arrive enfin au pied du lac de Pierre Percé, mais l'emplacement n'a pas l'air adapté pour s'y baigner. Alors je contenu encore un peu jusque Celles sur Plaine, un village situé à côté du lac de la plaine. Cela semble le lieu idéal pour se reposer avant d'attaquer le col du Donon, le camping du village possède une belle piscine et je regrette déjà de ne pas avoir pris mon maillot de bain, je me le note pour les prochaines fois.