Jour 3 :

À l'aube de ce 3e jour d'aventure, il pleut ! Ce n'est pas bien grave, car aujourd'hui est un jour de repos, avant d'attaquer le col du Donon demain. Je regarde un film et lis un livre : La fille de papier de Musso. A l'époque, je n'étais pas très de Musso, mais c'est ce livre qui m'a fait changé d'avis, encore aujourd'hui c'est mon préféré de cet auteur, si jamais vous ne devrez en lire qu'un, cela serait celui-là.

Ce n'est qu'une fois midi passé que la pluie s'arrête, j'allume le réchaud, et je prends le vélo pour faire le tour du lac de la plaine. J'enfonce mes pieds dans l'eau, et me dis que jusqu'aux genoux c'est déjà bien assez loin. Au loin, le sommet des montagnes est perdu dans les nuages, et dire que c'est là-bas que je vais aller demain.

Finalement, la journée passe assez vite, à la nuit tombée, je continue la lecture de mon livre sous le clair obscur d'un lampadaire. Des gamins viennent me tourner autour pour voir si je n'ai pas un peu d'alcool à leur dépanner, et vu leur âge il est hors de question, surtout que leurs parents ne doivent pas être loin et que de toute manière, je n'en ai pas. Puis, un chat vient m'apporter un peu de camaraderie en échange de quelques caresses. Enfin, je pars me coucher pour être en forme pour l'étape de demain.

Jour 4 :

Levé de bon matin, je n'ai que quelques km d'échauffement à effectuer avant d'arriver au pied du Donon. Alors, je me dis que je pourrais visiter rapidement ce petit lac avant d'entamer la montée, vous ne pensez pas ? Quelle fut donc ma déconvenue, lorsque je compris que le lac de Maix en question était un lac de montagne… Et qu'est ce qu'on trouve en montagne ? Oui, de la montée ! Je passe donc la plupart de la matinée à pédaler pour atteindre ce Ù€ôé@ de lac. Ça grimpe sec, avec le poids des sacoches de chaque côté, je pousse le vélo plus que je ne pédale. Encore une fois, je ne sais pas si c'est le lac qui est magnifique ou la somme des efforts pour l'atteindre qui rend le lac encore plus beau.

Une triste légende entoure le lac, l'on raconte qu'autrefois, un paisible amont siégeait en ces lieux, celui-ci ne manquait de rien, et l'on y trouvait tellement de fruits et de baies, que la chasse des animaux dans cette zone ne servait à rien. L'on raconte même, que les Hommes vivaient en harmonie avec eux. Cependant, un jour un Homme leva la main sur une biche, qui s'enfuit, blessée, avant de mourir de ses blessures un peu plus loin. Alors pour se venger, l'esprit des lieux submergea le village, ne laissant aucun survivant, juste un lac. Des plongeurs en auraient fouillé les abysses, mais aucune trace du village ne fut retrouvée, hormis une pierre gravée « EVIL » témoignant du drame passé. Une chose est sûre, ce lieu est maudit, l'on raconte même que les plongeurs n'auraient jamais réussi à atteindre le fond.

Malgré la malédiction, je trempe les pieds dans l'eau l'espace de 2 secondes, juste assez pour qu'un chien ne vienne terminer mon sandwich. Je vous l'avais dit, ce lac est maudit !

La descente n'en est pas reposante pour autant, je suis crispé sur le guidon, les sens en alerte. Le chemin est en mauvais état, et à chaque virage, je sens le poids des sacoches m'entraîner d'un côté ou de l'autre. La moindre chute me serait fatale. Une fois arrivée en bas, une autre côte m'attend, la plus longue de tout le trajet et mon genou a déjà souffert ce matin.

Nous sommes en plein milieu de l'après-midi, alors que je gravis le col, je dégouline littéralement de partout, face au spectacle que je dois apporter, la plupart des moteurs klaxonnent à mon approche afin de m'encourager. Encore mieux qu'au tour de France. Après plusieurs pauses, dont une devant un totem et une autre devant… une braguette, à prendre des photos avec un groupe de quinquagénaires, j'arrive enfin au sommet. Je pourrais encore grimper une dernière pente de 150 mètres pour atteindre le temple du Donon, mais la fatigue m'en empêche, alors je me laisse couler jusqu'au camping de Schirmeck. Le camping, à l'allure familiale, est tenu par un couple, l'un de leur enfant m'amène à mon emplacement. L'ambiance est décontractée, pour le repas du soir, je commande une tarte flambée, que je mange avec les gérants et un autre campeur. Ce fut ma première tarte flambée en Alsace !